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Et l’amant qui s’en peut déguiser le forfait,
Cherche à se voir contraint de trahir en effet.

démétrius

Quelque dur que me soit un reproche semblable,
Puisque vous m’accuser, je veux être coupable ;
Mais si mon innocence a pour vous quelque appas,
Pour me justifier faites parler Didas.
Qu’il dise de quel air ma juste impatience
De ses vœux arrogants a traité l’insolence,
Et de quels ordres exprès il a reçus de moi
Contre le fier espoir dont le flatte le Roi.

érixène

Ces ordres, ces mépris doivent peu me surprendre
Quand sa fidélité vous dédaigne pour Gendre,
Et que vous n’avez pu me croire un cœur si bas
Que j’estimasse encor le rebut de Didas.
Pour cacher son refus avez-vous pu moins faire ?

démétrius

Quoi, Didas…

érixène

Malgré vous Didas n’a pu se taire.
Mais quoi que son rapport mérite aller de soi,
Je veux sur ce refus qu’il ait trompé le Roi.
Si le vôtre a puni l’audace qui l’entraîne,
Du remords des ingrats vous avez craint la gêne,
Et la honte attachée à des vœux inconstants
Ne vous a pu souffrir de me trahir longtemps ;
Mais quand du plus beau feu l’on s’est montré capable,
Qui trahit un moment reste toujours coupable,
Et ce moment qu’il donne à l’infidélité
Par le plus vif remords n’est jamais racheté.

démétrius

Continuez, Madame, et sur cette maxime
De votre ambition faites-moi la victime,
Quoi que vous m’imputiez, l’éclat d’un trône offert
Fait seul auprès de vous le crime qui me perd.
C’est lui qui pour prétexte offre à votre vengeance
L’irréparable affront d’un moment d’inconstance,