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démétrius

Quel outrage, grands Dieux ! Et quand contre Didas…

érixène

Je le tiens si léger qu’il ne m’ébranle pas.
Puis-je à vos feux naissants rendre plus de justice ?
Vous aimerez ailleurs sans que je vous haïsse,
Et donnant votre cœur, ne serez point gêné
D’en voir au moindre ennui le mien abandonné.

démétrius

Non, non, si j’ai failli, ma timide espérance
Préfère votre haine à votre indifférence,
Et la foudre, et l’orage auront moins de rigueur,
Que le calme odieux qui règne en votre cœur.
Mais quel crime ai-je fait quand j’ai craint pour vous plaire
Le piège dangereux que me tendoit un frère ?
Mandé sur un hymen par Didas concerné,
Si je résiste au Roi, je dois être arrêté,
Et…

érixène

C’est l’avoir servi plus qu’on ne sauroit croire
Que de cette injustice avoir sauvé sa gloire,
Et consenti plutôt à souiller votre foi
Que de lui voir rien faire indigne d’un grand Roi.

démétrius

Si son ordre d’abord ne m’a point vu rebelle,
Blâmez un malheureux plutôt qu’un infidèle.
Contre cet ordre, hélas ! bien loin d’y déférer,
Partout de mes Amis je viens de m’assurer.
C’est pour gagner ce temps que d’un Roi, que d’un père
J’ai par un faux aveu suspendu la colère,
J’en voyois l’éclat prêt, et feignant d’obéir…

érixène

Ah, qui sait bien aimer ne feint point de trahir.
L’horreur que dans son âme imprime l’inconstance
Lui fait du plus noir crime en traiter l’apparence,