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Scène VI


Érixène, Démétrius, Phénice.

démétrius

Que m’apprend-on, Madame ?
On vous fait de Persée autoriser la flamme,
Et si je puis sans crime en croire un bruit confus,
Dès demain son bonheur doit vaincre vos refus.

érixène

J’admire que ce bruit ait de quoi vous surprendre
Dans le peu d’intérêt que vous y devez prendre.
Du Gendre de Didas les desseins mal cachés…

démétrius

Ah, Madame, est-ce vous qui me le reprochez,
Et le déguisement dont j’ai puni ce Traître,
Peut-il abuser ceux qui me doivent connoître ?
Réduit à m’en servir contre un destin jaloux,
Ce qui l’est pour le Roi ne peut l’être pour vous.
Cependant quand ma foi croit être en assurance,
Didas… Ce nom fatal fait trembler ma constance,
Mon cœur s’en épouvante, et son espoir flottant
N’ose l’abandonner à tout ce qu’il entend.

érixène

J’ignore ce qu’il craint, mais je puis vous apprendre
Qu’il cherche à se flatter dans ce qu’il doit entendre,
S’il doute que le mien ne ressente pour vous
Ce que l’indifférence eut jamais de plus doux.
Dans cet heureux état qui me rend à moi-même,
Persée avec son cœur m’offre le Diadème,
Et nul exemple encor n’a paru m’enseigner
À n’être point sensible à l’ardeur de régner.