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Juge de la douceur quand on fait présumer
Que ce qui nous l’assure a de quoi nous charmer.
Démétrius par là verra croître sa peine,
J’oserai m’applaudir de vain titre de Reine,
Et porterai si haut l’éclat de ce revers
Qu’il ne pourra savoir qu’à regret je le perds.

phénice

Cette douceur pour vous doit avoir bien des charmes,
Mais si j’ose expliquer mes secrètes alarmes,
Cet hymen qui du Roi vous soumets les États,
Me semble un peu bien prompt pour ne vous gêner pas.
Vous haïssez Persée, et comme de la haine
Vers un penchant plus doux le temps seul nous ramène,
C’est hasarder beaucoup, de ne prendre qu’un jour
Pour vous accoutumer à souffrir son amour.

érixène

Moi, par l’indigne crainte où ton zèle te jette,
Consentir à laisser ma vengeance imparfaite !
Ce cœur dont tu veux voir le repos affermi
Était d’intelligence avec mon Ennemi.
Par de fausses clartés dont je fus éblouie,
Pour me le faire aimer c’est lui qui m’a trahie,
Et sous un choix funeste accablant mon amour,
Je veux pour m’en venger le trahir à mon tour.
Il faut qu’il soit puni d’avoir su mal connoître
Qu’aimant Démétrius il brûloit pour un traître,
Que d’un dehors trompeur l’injurieux éclat…

phénice

Ce grand triomphe est beau, mais craignez le combat,
Démétrius paroît.