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didas

Non, Seigneur, et c’est là ce qui me rend coupable.
Le Prince à vos désirs s’est montré favorable,
Et sur ce grand hymen dont vous m’aviez flatté,
Je l’ai vu de mes vœux enhardir la fierté,
Mais son sang dont par là la splendeur se ravale
Ne souffre point du mien l’union inégale,
Et quoi que votre aveu semble l’autoriser,
Je me rends criminel si j’ose en abuser.
C’est ce qu’avec respect, pour vous le faire entendre,
J’ai cru devoir tâcher de lui faire comprendre,
Mais malgré tous mes soins, mon zèle et mon respect
N’ont eu rien que soudain il n’ait trouvé suspect,
Et sur un vain soupçon dont son âme est blessée
Me croyant contre lui du parti de Persée,
Plus d’accord, plus d’hymen ; loin d’en souffrir les nœuds
Ma perte désormais est l’objet de ses voeux.
Quoi que tente, Seigneur, son aveugle colère,
J’aurai tout mérité si j’ai su vous déplaire,
Et si mon sang au vôtre indigne de s’unir
Est un crime qu’en moi vous trouviez à punir.

philippe

Quoi, c’est peu que l’appui de toute ma puissance
Pour suppléer l’éclat qui manque à ta naissance,
Et ma faveur pour toi n’offre rien dont l’effort
Suffise à réparer l’injustice du Sort ?

didas

Trop, Seigneur, mais enfin si j’ose vous le dire,
La gloire des grandeurs n’est pas celle où j’aspire,
Et mes désirs jamais ne prendront pour objet
Que l’honneur éclatant de vivre bon Sujet.

philippe

Dans ce nouveau degré de gloire et de puissance,
De l’ardeur de ton zèle ai-je moins d’assurance,
Et ta foi…