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Rendant ce que je dois à l’éclat de son sang,
J’ai cru pouvoir garder tout l’orgueil de mon rang
C’est sur ce noble orgueil que tant de fois pressée,
D’accepter et le cœur et la main de Persée,
D’un œil indifférent j’ai semblé toujours voir
La gloire qui par là s’offroit à mon espoir.
Jalouse de l’éclat du trône où je suis née,
Je voulois y rentrer avant cet hyménée,
Et qu’on ne pût penser que le don de ma foi
Eût moins suivi mon choix que les ordres d’un Roi.
Si de tels sentiments sont d’une âme trop vaine,
Peut-être sont-ils beaux dans celle d’une Reine,
Et leur fierté n’a rien qu’on me vit démentir
Si vos dissensions m’y laissoient consentir ;
Mais enfin dans le trouble où Rome vous expose
J’en hais trop les effets pour en nourrir la cause,
Et vouloir que par moi, sur des droits incertains,
Les ordres du Sénat traversent vos desseins.
C’est de là que j’ai vu par des motifs contraires
La discorde à vos yeux ouverte entre deux Frères,
Et mon cœur, quand leur haine est prête à s’apaiser,
Pour seconder vos soins n’a rien à refuser.

philippe

Que Persée est heureux, et qu’après tant d’alarmes
Un aveu si propice aura pour lui de charmes !
Mais comme un prompt succès dans de si grands desseins
Met un plus sûr obstacle aux malheurs que je crains,
Pour voir plutôt le calme éloigner la tempête,
Quoi que vos ordres seuls…

érixène

Ma main est toute prête,
Seigneur, et dès demain il ne tiendra qu’à vous
Qu’un hymen glorieux n’en fasse mon Époux,
Je vois vos intérêts, et de quelle importance
De Didas contre Rome est pour vous l’alliance,
Et si par politique, ou par légèreté,
Démétrius osoit en rompre le Traité,