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Scène II


Philippe, Érixène, Phénice, Suite du Roi.

philippe

Madame, enfin du Ciel la bonté Souveraine
De deux Frères jaloux semble étouffer la haine,
Et j’ai lieu d’espérer qu’un plus heureux destin
À leurs divisions va mettre quelque fin.
Contre Démétrius sur de vaines maximes
Le défiant Persée a trop cru de faux crimes,
Et le seul dont j’ai vu la fuite à redouter,
C’est l’appui qu’aux Romains on lui faisoit prêter ;
Mais l’hymen où contre eux un vrai zèle l’engage,
De sa fidélité me doit être un sûr gage,
Et de cette union les favorables nœuds
Par la foi de Didas m’assurent tous ses voeux.
Ainsi loin qu’il me reste à craindre un fils rebelle…

érixène

Seigneur, j’ai déjà su cette grande nouvelle,
Et c’est avec plaisir qu’après tant de souhaits,
Où le trouble a régné, je vois régner la paix.

philippe

Pour n’en revoir jamais la douceur en balance,
Achevez aujourd’hui ce que le Ciel commence,
Et daignant de Persée autoriser l’espoir,
Du Sceptre qui l’attend partagez le pouvoir.
Rome par cet hymen, à quoi qu’elle s’apprête,
Perdra l’injuste droit de régler ma conquête,
Et se verra forcée après tant de débats,
De voir la Thrace entière unie à mes États.

érixène

Quoi que du sort jaloux l’injuste violence
En ait soumis l’Empire à votre obéissance,