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phénice

Vous promettez beaucoup, mais comme, quoi qu’on fasse,
Il n’est rien qu’un remords dans un grand cœur n’efface
Si de Démétrius…

érixène

Ah, pour fléchir le mien
Ne crois pas que jamais le remords puisse rien.
Plus l’amant nous fut cher, plus son ingratitude
Rend le coup qui nous blesse et surprenant et rude,
Et sa peine attirant nos plus ardents souhaits,
Si l’amour n’en meurt point, il n’en guérit jamais.
Je te dirai bien plus ; quand par une foiblesse
Dont le sang qui m’anime exempte une Princesse,
Tout mon cœur contre moi lâchement révolté
En faveur d’un ingrat trahiroit ma fierté,
Quand en le punissant du mépris de ma flamme
Je me verrois forcée à l’adorer dans l’âme,
À quelque dur malheur que me livrât le sien,
Je mourrois mille fois plutôt qu’il en sût rien,
Et mes derniers soupirs par ma fausse victoire
D’un triomphe effectif lui voleroient la gloire.
Qu’il se repente ou non, il m’a manqué de foi,
Et je me souviendrai de ce que je me dois.
Pour plaire à mon courroux, en remplir l’arrogance,
Il faut que mon amour tremble sous ma vengeance,
Qu’aux dépens d’un repos qui lui sembla si doux…

phénice

Le Roi peut vous entendre, il s’avance vers nous.