ACTE III
Scène première
Oui, je le sais, Phénice, en de pareils outrages
Le moindre emportement sied mal aux grands courages,
Et j’ai lieu de rougir d’avoir peine à calmer
L’impatient courroux qui cherche à m’animer ?
Mais plus je vois son crime, et moins de ma foiblesse
Malgré tout mon orgueil je puis être maîtresse.
Dieux ! Peut-il être vrai que l’infidélité
De tant de vœux offerts souille la pureté ?
Incapable jamais de trahir ce que j’aime
Je dédaigne pour lui l’éclat du Diadème,
Et sur un lâche espoir dont il goûte l’appas,
Il m’ose préférer la fille de Didas ?
Tu l’avois bien jugé ; quoi qu’il en ait pu dire,
Après ce trône seul le parjure soupire,
Et croit en voir pour lui les droits moins incertains.
Gendre d’un Favori qu’il acquiert aux Romains.
Qu’il règne, que par eux sa puissance affermie
D’un si honteux hymen répare l’infamie,
Quelque éclat qu’elle assure à ses vœux insensés,
Par sa gloire flétrie il s’en punit assez.
Son infidélité ne vous peut trop surprendre,
Mais d’abord sans aigreur vous avez pu l’apprendre,
Votre esprit semble calme, et plus de fermeté…