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Mais qu’au moins l’opprimé, pour s’en mettre à couvert,
Dans l’appui de son Roi trouve un asile ouvert.
Contre la trahison c’est le seul que j’espère,
Je n’ai pour m’en sauver que les Dieux et mon père,
S’il me faut fuir ici de secrets attentats,
Je n’ai point de Romains qui me tendent les bras.
Leur haine de ma mort se fait un heur suprême
Parce que je soutiens l’honneur du Diadème,
Et ne leur laisse voir aucuns moyens offerts
De mettre, moi vivant, la Macédoine aux fers.
La plainte cependant, le murmure, l’outrage,
Sont le prix d’affranchir vos Sujets d’esclavage.
Vous l’avez vu, Seigneur, dans ces lâches Soldats
Qui hier même à vos yeux cherchèrent mon trépas.
Que dirai-je des Grands dont la molle foiblesse
À flatter les Romains à l’envi s’intéresse,
Et qui sur un espoir et vil et hasardeux
N’adorent que celui qui peut tout auprès d’eux ?
Ce n’est pas à moi seul qu’il voit qu’on le préfère,
Il l’emporte en secret sur son Roi, sur son père.
C’est lui qui dans l’orage où vous étiez compris
Des foudres du Sénat sauva vos cheveux gris.
Si vos Peuples sans guerre ont la douceur de vivre,
Des armes des Romains c’est lui qui les délivre,
Et tandis qu’en vous seul je fonde mon appui,
Vos Peuples, les Romains tout enfin est pour lui.
À quoi présumez-vous que Quintius aspire
Par tout ce qu’il se plaît sans cesse à vous écrire,
Quand pour entretenir l’amitié du Sénat
Il vous fait envoyer les Premiers de l’État ?
Démétrius a part à cette Politique,
Ses conseils sont sa règle en tout ce qu’il pratique,
Et dans ces Envoyés qu’ils ont l’art de gagner,
Ils cherchent du secours pour le faire régner.
Ceux qu’un pur intérêt, ceux qu’un vrai zèle y mène
N’en reviennent jamais qu’avec l’âme Romaine,