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Au lieu que des forfaits la plus pressante horreur
Toujours de la discorde a suivi la fureur.
Ni le crime des uns, ni la vertu des autres
Sur les grands sentiments n’ont pu régler les vôtres.
D’une coupable ardeur l’indigne emportement
Vous fait de votre rage aimer l’aveuglement.
Vous voulez que je vive, et souffrez que je règne
Tant que vous n’ayez plus d’obstacle qu’elle craigne,
Et que par l’attentat l’un de l’autre défait
Puisse en m’ôtant le jour jouir de son forfait.
Il n’est droit si sacré que votre orgueil révère,
Vous haïssez les noms et de père, et de frère,
Et du sang à l’envi brisant les plus doux noeuds,
Le trône est le Dieu seul qui mérite vos voeux.
Sus donc, immolez-lui de si chères victimes,
Et me faites trembler par l’horreur de vos crimes.
Attendant que le fer en règle les effets
Faites en ma présence un combat de forfaits.
Dites tout ce que peut, pour trahir la Nature,
Ou résoudre la rage, ou forger l’imposture,
J’écoute ; et je crains bien pour reproche éternel
De n’avoir à juger que du moins criminel.

persée

Seigneur, j’ai dû sans doute abandonner ma tête
À l’éclat imprévu d’une affreuse tempête,
Puisque les attentats dont encor je frémis
Ne sauroient être crus s’ils n’ont été commis.
Ce n’est pas sans raison qu’un Peuple téméraire
Ne veut pour votre fils connoître que mon frère.
Si chez vous comme lui j’en obtenois le rang,
Vous trembleriez d’ouïr qu’on veut verser mon sang,
Et ne voudriez pas qu’un reproche semblable
Confondit l’Innocent avecque le Coupable.
Ayant à craindre tout, si sans rien découvrir
Vous voulez que je meure, et bien, il faut mourir,
J’y consens, et je croirai mon sort digne d’envie
Si ma mort avancée assure votre vie,