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Et quoi qu’on entreprenne, il me sera plus doux
De mourir à vos yeux que vivre loin de vous.

érixène

Ne vous aveuglez point quand le mal est extrême.

démétrius

Mais, Madame, songez que mon frère vous aime,
Et que dans la douleur de se voir dédaigner,
Pour agir sans obstacle, il tâche à m’éloigner.
Quoi que de ses transports votre crainte soupçonne,
Ils sont pour votre cœur plus que pour la Couronne,
Et cherchent, en mettant ses menaces au jour,
À chasser un Rival qui nuit à son amour.

érixène

Si cet amour vous gêne, il me blesse, il m’irrite,
Mais lorsqu’en sa faveur le Roi me sollicite,
Mon cœur au plein mépris ne s’ose abandonner,
Tant que votre péril a de quoi m’étonner.
Fuyez donc, et par là dissipant la tempête
Laissez libre l’éclat où ma haine s’apprête.
Il verra de quel air j’en soutiendrai le cours,
Quand je n’aurai plus rien à craindre pour vos jours.

démétrius

Qu’à l’envie contre moi la Terre au Ciel s’unisse,
Il me peut être aisé d’en braver l’injustice.
M’aimez-vous ?

érixène

Quand mon cœur se voudroit démentir,
Ce soupir échappé n’y pourroit consentir.
Mais encor une fois, Prince…

démétrius

Mon heur suprême
C’est de voir, c’est d’ouïr que ma Princesse m’aime,
Et comme pour ma flamme il n’est point d’autre bien,
Après ce doux aveu, je n’écoute plus rien.