Tous ceux en qui le Roi semble avoir confiance
Sont déjà contre vous de son intelligence,
Didas seul l’embarrasse et s’il peut le gagner,
Le sang n’aura plus rien qu’on lui voie épargner.
Didas auprès du Roi plus que tous est à craindre,
Mais, madame, à trembler voulez-vous me contraindre ?
Évitai-je par là le péril que je cours ?
Du moins l’éloignement vous offre du secours.
Fuyez, Prince, fuyez, la foudre est toute prête,
À son indigne éclat dérobez votre tête.
Rome où presque en naissant vous fûtes élevé,
Par elle avec plaisir vous verra conservé ;
L’asile est sûr pour vous.
Quel outrage à ma flamme !
Moi fuir ! Moi vous quitter !
Il le faut.
Ah, Madame,
Ai-je rien à prévoir dont les funestes coups
Approchent de l’horreur de m’éloigner de vous ?
Si vous l’avez pu croire, est-ce ainsi que l’on aime ?
En vous le conseillant j’agis contre moi-même,
Mais quoi que votre vue ait de quoi me charmer,
Qui se cherche en aimant n’est pas digne d’aimer.
Hélas, Madame, hélas ! Quand le sort nous accable,
Est-ce aimer comme il faut qu’être si raisonnable ?
Pour moi, dans le revers dont je suis combattu,
Je ne me pique point d’avoir tant de vertu.
Vous voir est le seul bien qui peut flatter ma flamme,
Avant que j’y renonce on m’arrachera l’âme,