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érixène

Quel conseil prendre, dans ce désordre extrême ?

phénice

Vous devez accepter l’offre d’un Diadème.
Si pour Démétrius c’est montrer peu d’amour,
La constance n’est pas une vertu de Cour,
Et le cœur le plus ferme aisément se pardonne
Une infidélité qui vaut une Couronne.

érixène

Ah, si pour moi ton zèle a quelque droit d’agir,
Ne me conseille rien qui m’oblige à rougir.
Contre Démétrius sollicitant ma flamme,
Les défauts de Persée ont-ils frappé ton âme,
Et pourrois-tu souffrir qu’au mépris de ma foi
L’orgueil qui l’accompagne eût des charmes pour moi ?

phénice

Si dans un rang si haut l’orgueil est condamnable,
Démétrius, Madame, en est-il incapable,
Et quand vous estimez les devoirs qu’il vous rend,
Savez-vous quelle part l’ambition y prend ?
On dit qu’il veut régner, et dans cette pensée,
S’il ne peut arracher la Couronne à Persée,
C’est un espoir en lui facile à pénétrer
Que les droits de la Thrace où vous pouvez rentrer.

érixène

Ces bruits d’ambition dont on ternit sa gloire
Découvrent dans Persée une âme basse et noire ;
C’est par là qu’il prétend le punir aujourd’hui
D’avoir osé montrer plus de vertu que lui.
Sa haine dangereuse autant qu’elle est couverte
Fait naître ces soupçons pour avancer sa perte,
On m’a de tout instruite, et si jusques ici
Démétrius n’a pas…

phénice

Madame, le voici.