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Sans respecter en moi la Grandeur Souveraine,
Jugez, Prince, jugez au gré de votre haine ;
Pour venger cet affront, quoi que je veuille oser,
Tout l’éclat de la mienne est trop à mépriser.

persée

Qu’elle éclate, Madame ; aussi bien, quoi qu’elle ose,
Qui souffre vos mépris peut souffrir toute chose.
Je ne vous dirai plus qu’un amour si parfoit
N’avoit point mérité l’outrage qu’on lui fait.
Du moins en l’étouffant assuré de vous plaire,
Je veux, s’il n’y consent, le forcer à se taire,
Et que votre fierté n’ait plus à s’indigner
De l’offre d’un hymen qui vous feroit régner.
J’en vais presser le Roi, mais dans ce sacrifice
Je vois ce qu’à mon rang vous faites d’injustice,
Et si pour vous encor le respect me retient,
Je suis sensible, et sais d’où l’injure me vient.
Adieu, Madame.


Scène IV


Érixène, Phénice.

érixène

Ah Ciel ! Où me vois-je réduite.

phénice

De ce jaloux transport il faut craindre la suite.
Persée est violent, et dans son désespoir
Le sang pour l’arrêter aura peu de pouvoir.
De ses vœux rebutés l’impatient outrage
Contre Démétrius animera sa rage,
Et vos dédains pour lui hautement confirmés
La vont rendre funeste à ce que vous aimez.