Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/361

Cette page n’a pas encore été corrigée
persée

Disposez-en, madame, et refusez de croire,
Que mon hymen sur vous pût jeter quelque gloire ;
Ne voyez point qu’un trône offert par cet accord
Vous auroit fait raison des outrages du Sort.
Ce frère dont l’audace à votre amour aspire
Vaut bien…

érixène

J’entends, Seigneur, ce que vous voulez dire,
De sa flamme à mon cœur les seuls charmes sont doux ;
Mais si vous le croyez, que me demandez-vous ?

persée

Non, non, Madame, non, et malgré ma foiblesse
Je sais trop bien juger d’une illustre Princesse,
Pour croire que l’orgueil qui la doit animer
Borne son plus doux charme à la gloire d’aimer.
Un cœur qui pour le trône a mérité de naître,
Quand il prend de l’amour, s’en rend toujours le maître.
De ses vastes désirs l’insatiable ardeur
L’asservit en esclave au soin de sa grandeur,
Sa flamme s’accommode aux desseins qu’il achève,
Il ne la laisse agir qu’autant qu’elle l’élève,
Et ne cède aux transports qui forment de doux nœuds
Que quand l’ambition a rempli tous ses voeux.
C’est ainsi qu’à l’Amour votre cœur s’abandonne,
Son orgueil en secret accepte la Couronne,
De sa possession il se fait une loi,
Mais il l’attend plutôt d’un frère que de moi.
Vous voyez trop d’ardeur suivre son entreprise
Pour douter d’un projet où Rome l’autorise,
Et s’il y faut mon sang, c’est aux esprits mal faits
À craindre pour régner le remords des forfaits.

érixène

Certes, je dois beaucoup à cette haute estime
Qui dans Démétrius me fait presser un crime,
Et ne me rend sensible aux offres de sa foi
Qu’afin qu’un parricide en puisse faire un Roi.