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Tant que le Roi craignant ses secrets attentats
Le force d’épouser la fille de Didas.
Pour s’assurer de lui le prétexte est plausible,
Didas garde pour Rome une haine invincible,
Et contre les projets dont s’alarme le Roi,
Le Prince étant son gendre, il répond de sa foi.

persée

Mais sa brigue par là se rendroit plus puissante ?

onomaste

Seigneur, à cet hymen vous croyez qu’il consente,
Lui qui pour la Princesse ardemment enflammé
Prétend n’aimer qu’autant qu’il se connoît aimé,
Non, non, je n’en mets point le refus en balance,
Il saura de Didas rejeter l’alliance,
Et d’un pareil mépris Didas trop indigné
Contre lui par nos soins sera bientôt gagné.
Jugez pour s’en venger ce qu’il doit entreprendre.

persée

Mais si par Politique il s’en veut faire Gendre,
Didas que flatteront les orgueilleux desseins
Se peut mettre avec lui du parti des Romains ?

onomaste

Alors si jusque-là son courage s’abaisse
Son infidélité vous acquiert la Princesse,
Qui dans les vifs transports de son juste courroux
Ne peut mieux le punir qu’en se donnant à vous.
Quant au trône, Seigneur, quoi que Didas pût faire,
Le Ciel qui vous y place en exclut votre frère,
Et pour vous maintenir dans ce rang glorieux,
Nous saurons, s’il le faut, prêter secours aux Dieux.

persée

J’aurois tort de combattre un avis si fidèle,
Et m’abandonne entier à l’ardeur de ton zèle.
La Princesse paroît, adieu, retire-toi,
Tu peux sur ce dessein sonder l’esprit du Roi.