Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/358

Cette page n’a pas encore été corrigée

De mes tristes soupirs l’hommage dédaigné
Enorgueillit un cœur que le Prince a gagné ;
Ses soins qu’à préférer on voit qu’elle s’apprête,
Dérobent à mes vœux cette illustre conquête,
Et par ce fier Rival sans cesse traversé,
Je frémis de sa perte, et m’y trouve forcé.

onomaste

Ce refus n’est-il pas une marque assurée
Qu’avec lui la Princesse a la vôtre jurée ?
La Thrace dès longtemps unie à nos États
La doit laisser Sujette à ne vous choisir pas,
Et dans l’ambition dont on la voit capable,
Croiriez-vous à ses yeux Démétrius aimable,
Si l’appui des Romains n’avoit su l’assurer
Qu’au trône malgré vous il a droit d’aspirer ?
En seroit-il aimé s’il ne la faisoit pas Reine ?

persée

Non, Onomaste, non, et c’est ce qui me gêne
Que de son cœur en vain je tâche à l’éloigner,
Si sa mort ne me laisse assuré de régner.

onomaste

Quoi, Seigneur, en effet vous cherchez à lui plaire.

persée

D’abord je n’eus dessein que de nuire à ce frère.
Ayant su son amour, par un décret fatal,
Sans me sentir amant je me fis son Rival ;
Mais las ! Je n’appris pas longtemps à la connoître
Qu’en secret je devins ce que je feignois d’être.
Son mérite à mes yeux vivement exposé
Me fit naître un vrai mal d’un tourment supposé,
Et mon cœur qu’aux soupirs forçoit un peu d’étude
Ne s’en fit que trop tôt une douce habitude.

onomaste

Seigneur, s’il est ainsi, j’imagine un dessein
Dont le succès pour vous ne peut être incertain,
Vous assurez vos droits, ou gagnez la Princesse.
Contre Démétrius faisons agir l’adresse,