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onomaste

Il faut pourtant songer à vous l’acquérir mieux.
Quoi qu’il vous ait promis, toute sa Politique
À sa seule grandeur sans relâche s’applique,
Et prêt des deus Partis à se joindre au plus fort,
Il attend que quelque autre en décide le sort.
Avec l’appui du peuple à ses vœux favorable,
Démétrius, Seigneur, lui paroît redoutable,
Et sans doute il craindra d’attirer son courroux
S’il ne voit que le Roi se déclare pour vous.
Cherchez donc à l’aigrir par tout ce que la plainte
Peut jeter dans son âme et d’horreur et de crainte,
D’un parricide affreux montrez-lui le projet,
Que sa tête et la vôtre en sont l’indigne objet,
Et songez que le droit d’un trône héréditaire
Ne vous demeure sûr qu’en perdant votre frère.
L’occasion est belle, et l’audace des siens
À vos ressentiments en offre les moyens.
Tout ce qui se fit hier prouve sa violence,
Et ce qui doit surtout servir votre vengeance,
Vous savez que de Rome on attend aujourd’hui
Ceux qu’envoya le Roi pour s’informer de lui.
Sous couleur d’Ambassade et d’affaires publiques,
Ils alloient épier des secrètes pratiques,
Et fût-il innocent, ils noirciront sa foi,
De tout ce qui la peut rendre suspect au Roi.
C’est là ce qu’en partant vous leur fîtes promettre,
Et si par le secours de quelque fausse lettre,
Il faut pour le convaincre étendre le forfait,
Le seing de Quintius se verra contrefoit.

persée

Ne balançons donc plus une juste entreprise,
Où m’engage le trône, où l’amour m’autorise.
Perdons ce frère ingrat dont l’insolent pouvoir
Fait pour l’un et pour l’autre obstacle à mon espoir.
La Princesse de Thrace en vain m’est destinée,
En vain le Roi m’en veut assurer l’hyménée,