Et leur intelligence est trop à redouter
Pour nous croire en pouvoir de rien exécuter.
Si j’en sais bien juger, Seigneur, le Roi n’aspire
Qu’à secouer le joug d’un si fâcheux empire,
Et se lasse de voir les droits abandonnés
Qu’usurpe le Sénat sur les fronts couronnés.
Ces ordres absolus dont la fierté le chasse.
De ce qu’il a conquis aux Côtes de la Thrace,
Semblent l’aigrir assez pour ne balancer pas
À repousser un jour de pareils attentats.
C’est à quoi je le porte, et si par mon adresse
J’apprends jusqu’où le Prince engage sa tendresse,
Si ses vrais sentiments pour lui me sont connus,
L’obstacle que je crains ne m’arrêtera plus.
J’en vais tenter l’épreuve, et vous en rendrai compte.
Vous voyez mon malheur connoissant notre honte.
Parlez, et de vos soins à l’État importants
Mon cœur croira tenir le trône que j’attends.
Scène II
Ainsi pour prévenir l’ambition d’un frère,
Le secours de Didas nous étoit nécessaire,
Le Roi l’écoutant seul, on n’eût pu rien sans lui.
Je n’ose encor pour vous m’en promettre l’appui ;
Il semble à s’expliquer, Seigneur, qu’il ait eu peine.
Mais il est ennemi de la Grandeur Romaine,
Et son faste insolent lui blesse trop les yeux.