Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/347

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ou si mon bras offert calmait votre courroux,

Détruire la révolte, ou périr avec vous.

NÉOPTOLÉMUS
à Déidamie

Ô vertu dont l'éclat ne peut que me confondre ! [1905]

Madame, je le vois ! Vous pouviez en répondre.

Mais dans le doute obscur qui suspend votre sort,

À qui dois-je imputer ce généreux effort !

Vois-je en vous, ou Pyrrhus, ou le fils d'Androclide ?

HIPPIAS

Permettez qu'à vos yeux mon hommage en décide. [1910]

Recevez-le, Seigneur, et si d'un long abus...

NÉOPTOLÉMUS

Mais tout l'État en vous veut connaître Pyrrhus,

Qu'avez-vous pour combattre une erreur affermie ?

HIPPIAS

Ce coeur qui ne vit plus que pour Déidamie,

Ces tendres mouvements, cette brûlante ardeur, [1915]

Ce feu trop violent pour n'aimer qu'une soeur.

Seigneur, voilà mon titre, elle dira le reste.

NÉOPTOLÉMUS

Cependant prendrez-vous le péril de l'inceste,

Et connus sous les noms et de frère et de soeur,

L'hymen à votre amour ne fait-il point d'horreur ? [1920]

DÉIDAMIE

J'ai pour l'en garantir le rapport de la Reine ;

Mais ce n'est pas, Seigneur, ce qui me met en peine.

Mettez mon frère au trône, et quand il sera Roi,

Les Dieux ordonneront d'Hippias et de moi.

L'hymen de la Princesse est promis à sa flamme, [1925]

Et c'est en l'achevant...

NÉOPTOLÉMUS

Et le puis-je, Madame,

Sans faire présumer que par un lâche abus

Je couronne Hippias aux dépens de Pyrrhus ;

Androclide étant mort sans nous laisser des marques

Qui fassent voir en lui le sang de nos monarques, [1930]