Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/343

Cette page n’a pas encore été corrigée

V}}

Néoptolémus, Pyrrhus, Déidamie, Antigone, Androclide, Camille, Suite
NÉOPTOLÉMUS

Enfin le juste Ciel a trompé ton attente, [1805]

Traître.

ANDROCLIDE
mourant

Je n'ai rien fait dont mon coeur se repente.

Sujet d'AEacidès avant qu'être le tien,

L'intérêt de son sang a fait toujours le mien.

C'est par là qu'ayant cru par l'hymen de ta fille

Remettre innocemment le trône en sa famille, [1810]

Par un heureux accord je domptais malgré toi

Ce qu'en ton lâche coeur son fils jetait d'effroi.

Que dis-je ? À cet effroi faisant servir ta flamme

Tu signais un Accord que tu rompais dans l'âme.

Ce feu que pour prétexte ont choisi tes forfaits, [1815]

A fait voir qu'un tyran ne se dément jamais.

Pour trouver à le perdre un moyen favorable

Des mépris de sa soeur tu l'as fait responsable.

Et quoi qu'à ta vengeance ait opposé l'Accord

Tu n'as pu balancer à résoudre sa mort. [1820]

Cet arrêt flétrissant et ta gloire et la mienne,

Pour en venger l'affront j'avais juré la tienne.

Par l'obstacle du Sort mon bras est retenu,

Mais où manque l'effet mon dessein est connu,

Et ce coeur qui cherchait à t'offrir pour victime [1825]

Ne perd pas sa vertu pour te laisser ton crime.

NÉOPTOLÉMUS

C'est un point qui peut-être en tout temps débattu,

Si ma mort résolue était crime ou vertu.