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Mais inégaux en nombre, et surpris et troublés,

Ils cédaient au destin qui les eût accablés,

Quand l'appui d'Hippias, que ce grand bruit amène,

Rend à leurs Ennemis la victoire incertaine.

Par des coups si hardis il sait se signaler, [1735]

Qu'interdits à leur tour il les fait reculer.

À voir couler le sang qu'ils lui laissent répandre,

Il semble par respect qu'ils n'osent se défendre.

D'un revers si fâcheux Androclide surpris,

Quoi, lâches, leur dit-il, vous épargnez mon fils ? [1740]

Frappez, c'est un ingrat qu'une ardeur légitime

Doit par vous à Pyrrhus pour première victime.

Recevez-en l'exemple. Il tâche à s'avancer,

Mais par un rude obstacle il se voit traverser.

Des Amis de Gélon une troupe fidèle [1745]

Du vaillant Hippias vient seconder le zèle

Et Gélon à leur tête enflammé de courroux

Sur ces lâches Mutins porte les premiers coups.

Ce grand secours détruit le succès qu'ils attendent,

Dans l'effroi qui les trouble à peine ils se défendent, [1750]

Sous le fer d'Hippias ils tombent sans effort,

Le moindre de ses coups est une sûre mort ;

Mais quelque fier courroux dont la chaleur le guide

Qu'on épargne, dit-il, qu'on épargne Androclide.

Il a beau s'écrier ; le désordre est si grand [1755]

Qu'il voit tomber enfin Androclide mourant.

Sa chute à tous les siens fait perdre le courage,

Leur frayeur à la fuite aussitôt les engage,

Et tandis que Gélon les combats, les poursuit,

Au secours d'Androclide Hippias est réduit. [1760]

La crainte qu'il ne meurt avant qu'on vous l'amène,

Dans le soin qu'il en prend, fait la plus rude peine,

Il arrête son sang, et veut... mais le voici.

DÉIDAMIE
à Antigone

Madame, espérons tout, le Ciel est adouci.

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