Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/336

Cette page n’a pas encore été corrigée

V}}



Scène PREMIÈRE

Néoptolémus, Déidamie
NÉOPTOLÉMUS

Confessez-le, Madame, il vous est doux d'apprendre

Qu'un Peuple révolté m'ose choisir un Gendre ?

Si sa rébellion par un éclat soudain

De ma fille à Pyrrhus veut assurer la main,

Pour rompre un hyménée à votre amour funeste [1645]

L'espoir de ce tumulte est le seul qui vous reste,

Et vous croyez déjà qu'un pareil remuement,

Renversant mes projets, vous rendra votre amant ;

Mais avant que changer ce qu'on m'a vu résoudre,

Tombe plutôt sur moi, tombe cent fois la foudre [1650]

Non que mon coeur encor de vos charmes épris

Cherche par la menace à vaincre vos mépris.

De vos lâches refus la coupable arrogance

L'a laissé tout entier ouvert à la vengeance,

Et telle en est l'ardeur qu'avec tous ses appas [1655]

L'offre de votre main ne l'ébranlerait pas.

J'immolerai Pyrrhus à ma secrète haine,

Et si son sang versé vous donne peu de peine

Hippias à vos voeux par ma fille enlevé

Sera pour vous peut-être un supplice achevé. [1660]

La douleur de le voir entre les bras d'une autre...

DÉIDAMIE

Je vous l'ai déjà dit, mon souhait est le vôtre.

Par l'hymen d'Hippias cherchez à me punir,

Seigneur, c'est le seul bien que je veuille obtenir,