text"> À ce fils malheureux j'ai cru devoir ce zèle
Mais si c'est pour Pyrrhus paraître moins fidèle, [1610]
Les effets feront voir s'il peut auprès du Roi
Attendre pour régner plus de vous que de moi.
Va, ne t'en flatte point, sa perte est résolue,
Les mépris de sa soeur malgré moi l'ont conclue,
Et mon trône avec lui n'est plus à partager, [1615]
Quand il lui peut fournir un bras à la venger.
Du moins pour vivre heureux après ma flamme éteinte,
Par la mort de Pyrrhus je dois régner sans crainte,
Et son sang...
Ah, Seigneur, daignez-y mieux songer.
Votre coeur d'une Ingrate aspire à se venger, [1620]
Mais quand l'Amour par elle au devoir se préfère,
Sera-ce la punir que d'immoler son frère,
Ce frère que tantôt, le voyant condamner,
Elle n'a point rougi de vous abandonner ?
C'est sur son Amant seul qu'il faut que votre haine... [1625]
L'Amant comme le frère aura part à la peine,
Et demain...
Quoi, Seigneur, vous les perdrez tous deux ?
Non, il faut épargner un père malheureux,
Pyrrhus périra seul, mais de peur que l'ingrate
De quelque espoir encor lâchement ne se flatte, [1630]
Je veux que son Amant, quand il perdra le jour,
En épousant ma fille accable son amour.
Cet hymen à leurs voeux par tant de droits contraire,
En me vengeant du fils, m'acquitte vers le père,
Et je ne vois...
Seigneur, Pyrrhus est condamné, [1635]
Et mon fils...