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Mais convaincu d'amour par la Princesse même,

Toujours fils d'Androclide il confesse qu'il aime, [1530]

Et son feu l'attachant au destin d'Hippias,

Quand vous prenez son nom, ne vous le cède pas.

DÉIDAMIE

Tu vois jusqu'où pour moi leur vertu les engage.

Pour contraindre mon coeur tu mets tout en usage,

Et tous deux aiment mieux, afin de m'épargner, [1535]

Être Amant pour mourir, que frères pour régner.

Ta tyrannie en eux trouve de faibles armes.

NÉOPTOLÉMUS

L'Amour pour les tyrans doit avoir peu de charmes,

Et puisqu'il le faut être, il est temps que mon coeur,

Pressé de se venger, chasse toute autre ardeur. [1540]

Sus donc, que votre choix règle ce qui m'anime ;

Ce tyran fait par vous demande une victime.

Prononcez, et voyons par votre jugement,

Qui l'emporte sur vous, du frère ou de l'Amant.

HIPPIAS

Le Choix que vous pressez sera facile à faire, [1545]

L'Amant sans balancer s'immole aux jours du frère.

Comme à perdre un rival vous avez intérêt,

Voici votre victime, ordonnez, je suis prêt.

C'est moi seul, c'est mon sang qu'elle offre à votre haine.

NÉOPTOLÉMUS

Qu'on le tienne éloigné dans la chambre prochaine, [1550]

Il attendra mon ordre.

Et vous, enfin parlez.

Je ne m'oppose plus au feu dont vous brûler,

À toute ma vengeance un des deux peut suffire,

Choisissez.

DÉIDAMIE

Je t'ai déjà dit ce que j'avais à dire.

Un frère a tous mes voeux s'il faut craindre sa mort, [1555]

Hippias est ce frère, ordonne