Elle en a l'assurance, et je suis un perfide.
Quoi, Madame, Hippias n'est point fils d'Androclide, [1470]
Et quand vous craignez tout de mon ressentiment,
Il devient votre frère, et n'est plus votre Amant !
Sur l'aveu dont tantôt devant toi j'ai fait gloire,
Tu l'as cru mon Amant, et tu pouvais le croire ;
Mais du lâche Androclide en vain le faux rapport [1475]
D'un amour supposé m'a fait tombé d'accord.
Pour conserver son fils, je croyais que le traître,
Touché de son péril, t'avait tout fait connaître,
Et que du vrai Pyrrhus le secret déclaré
M'obligeait à l'aveu qu'on a de moi tiré. [1480]
Voilà par quelle erreur à moi-même contraire
J'avouais un Amant croyant parler d'un frère,
Mais enfin c'est à toi d'en éclaircir l'abus,
Hippias est mon frère, Hippias est Pyrrhus.
Pour transmettre à son sang la grandeur souveraine [1485]
Androclide supprime un billet de la Reine ;
Examine, et résous, je ne te dis plus rien.
Seigneur, sur son rapport on peut douter du mien.
Attendant qu'à loisir le crime s'éclaircisse,
Je me rends prisonnier, vous vous ferez justice, [1490]
Et si quelque soupçon vous peut autoriser...
Va, sa feinte n'a rien qui me puisse abuser
L'artifice n'en sert qu'à me rendre plus claire
La honte d'un amour qui me livrait son frère,
Et cherche de nouveau par ce déguisement [1495]
À détourner sur lui le péril d'un Amant.
Ah, Gélon, qui l'eût cru ?
Seigneur, le Ciel est juste.
Il veille sur les Rois, prend soin d'un sang auguste,