Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/325

Cette page n’a pas encore été corrigée

HIPPIAS|c}}

Quelques transports en lui que ce courroux anime,

Il n'en veut qu'au rival dont l'amour fait le crime, [1370]

Et coupable vers lui d'un si noble attentat,

C'est sur moi seulement qu'en doit tomber l'éclat.

Mon amour déclaré, Pyrrhus n'a rien à craindre.

DÉIDAMIE

Pyrrhus est son rival, du moins il l'a su feindre,

Et ce titre d'Amant qui vous paraît si doux [1375]

Est plus croyable en lui qu'il ne peut l'être en vous.

Tout ce que vous diriez pour n'être plus mon frère

Ne ferait contre vous qu'irriter sa colère,

Et sans rompre l'hymen où j'ose m'apprêter...

HIPPIAS

Non, non, je le romprai, laissez-moi l'irriter. [1380]

L'Amour qui cherche à vaincre un destin effroyable

Sait trop bien s'exprimer pour n'être pas croyable.

Si le mien par ma mort se doit justifier,

Est-ce une gloire, hélas ! qu'il faille m'envier ?

Quand d'abord le tyran a menacé ma tête, [1385]

Sans rien craindre pour moi, vous voyiez la tempête,

Vous ne relâchiez rien de vos justes mépris.

DÉIDAMIE

Je savais qu'Androclide agirait pour son fils,

Qu'il saurait dérober vos jours à sa vengeance.

HIPPIAS

N'avez-vous pas encor cette même assurance ? [1390]

Des intérêts d'un fils sera-t-il moins jaloux ?

DÉIDAMIE

Mais le tyran alors ne menaçait que vous.

Le destin a rendu mon malheur invincible,

Pour les jours de Pyrrhus j'ai paru trop sensible,

Et quoi que votre amour emploie à l'irriter, [1395]

C'est toujours par ma main qu'il les faut racheter.

Votre sang hasardé change-t-il ma disgrâce ?

HIPPIAS

Madame, nous n'avons encor que la menace,