Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/323

Cette page n’a pas encore été corrigée

Non que j'en croie assez l'emportement extrême

Pour oser souhaiter d'être aimé comme j'aime.

Peut-être que pour vous mes voeux trop empressés [1315]

Me rendent trop facile où vous l'êtes assez ;

Mais enfin je voudrais qu'aucun n'eût droit d'attendre

Ce que de votre coeur je renonce à prétendre,

Et que ce coeur jamais, quoiqu'il sut tout charmer,

N'aimât rien au-delà de ce qu'il peut m'aimer [1320]

Vous donnez votre main. Hélas ! Quel coup de foudre

Quand je songe au motif qui vous y fait résoudre,

Et que je vois l'Amour...

DÉIDAMIE

Ne vous contraignez pas.

Dites qu'il me séduit en faveur d'Hippias.

Comme fils d'Androclide il mérite ma haine, [1325]

Mais je cède en l'aimant à l'ordre de la Reine,

Et vous-même sans doute, à n'y pas obéir,

Auriez blâmé l'orgueil qui me l'eût fait trahir.

HIPPIAS

Ah, ma soeur, s'il le faut, qu'il règne sur l'Épire,

Mais que de votre coeur il vous laisse l'Empire. [1330]

Ce droit seul réservé soulage mon ennui,

Pourvu qu'il soit à vous, tout le reste est à lui,

J'y consens, et mes voeux...

DÉIDAMIE

N'en formez point, de grâce,

Un si faible bonheur ne vaut pas qu'on en fasse ;

Mais quoi que vous craigniez de mon coeur enflammé, [1335]

Vous seriez moins heureux s'il était moins aimé.

Vous êtes Hippias.

HIPPIAS

Androclide est mon père ?

DÉIDAMIE

Oui, vous êtes son fils, et son fils est mon frère.

{{Personnage|