Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/321

Cette page n’a pas encore été corrigée

IV}}



Scène PREMIÈRE

Déidamie, Hippias se croyant Pyrrhus
HIPPIAS

Ne cherchez point, ma soeur, d'où mon chagrin peut naître.

Ma raison se confond à le vouloir connaître.

Et vos soupçons en vain le font être un effet

Du vif ressentiment de l'affront qu'on m'a fait.

Je le regarde encor avec des yeux d'envie, [1265]

On m'ôtait la Couronne, on menaçait ma vie ;

Mais dans tout ce péril d'un revers éclatant,

Étais-je malheureux puisque j'étais content ?

Non, non, les tristes biens que le sort me redonne

Ne valent point celui qu'il faut que j'abandonne, [1270]

Et la mort que l'on m'ôte en était un plus grand

Que cette liberté que mon malheur me rend.

DÉIDAMIE

Quel que fût ce péril où vous trouviez des charmes,

Si j'ai paru pour vous en prendre peu d'alarmes,

J'avais quelques raisons d'appuyer un refus... [1275]

HIPPIAS

Et ce sont ces raisons qui ne m'en laissent plus.

Je vous l'ai déjà dit, mais pour flatter ma peine

Souffrez que de nouveau ma douleur vous l'apprenne,

Et que ce triste coeur qu'abuse un faux appas

Tâche à vous expliquer ce qu'il ne comprend pas. [1280]

Quand mes soins ont du Roi favorisé la flamme,

Combattu, déchiré, j'en ai frémi dans l'âme,