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Un échange secret abusant Glaucias [1215]

Le fait croire Pyrrhus, vous fait croire Hippias.

C'est là, pour vous remettre où le Ciel vous fit naître,

Ce qu'Androclide au Roi devait faire connaître,

Et par où j'assurais qu'en vain dans ce grand jour

Le bonheur de Pyrrhus alarmait votre amour ; [1220]

Mais le traître à son fils assurant la Couronne

Le maintient dans le rang que votre nom lui donne,

Et quand il craint pour lui, son lâche emportement

Ose feindre qu'en vous j'ai fait choix d'un Amant.

Allons, mon frère, allons malgré son imposture [1225]

Renverser ses desseins, confondre la Nature,

Vous placer sur le trône...

PYRRHUS

Ah, pour vous en flatter

Androclide, ma soeur, est trop à redouter.

Ce feu que m'imputait son adroite colère

Ne me convainc que trop que je suis votre frère ; [1230]

Mais quoi qu'ait pu le Sort afin de m'épargner,

C'est à moi de mourir, à son fils de régner.

DÉIDAMIE

Quoi, ma main...

PYRRHUS

Votre main par le Roi poursuivie

Malgré cet imposteur me peut sauver la vie,

Mais justifiera-t-elle, après ce qu'il soutient, [1235]

Qu'il fait prendre à son fils un nom qui m'appartient ?

Non, non, il n'est plus temps de l'en vouloir dédire.

DÉIDAMIE

Quoi, contre vous moi-même il faut que je conspire,

Que de moi, d'une soeur vous paraissiez aimé ?

PYRRHUS

Androclide l'a dit, vous l'avez confirmé. [1240]

DÉIDAMIE

Je parlais d'un secret qui vous faisait connaître.

PYRRHUS

Il parlait de l'Amour que vous m'aviez fait naître.