Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/316

Cette page n’a pas encore été corrigée


Ne les redoublez point, et si mes tristes larmes

Après un long orgueil ont pour vous quelques charmes,

Voyez-moi toute en pleurs, quand vous vous emportez,

Pour ce malheureux Prince implorer vos bontés. [1160]

N'abusez point du sort qui me tient asservie

À vous promettre tout pour lui sauver la vie,

Et plutôt qu'employer un si lâche moyen,

S'i faut donner mon sang, prenez-le pour le sien.

Versez...

PYRRHUS

Quel intérêt vous porte à lui déplaire ? [1165]

Suis-je digne...

DÉIDAMIE

Pour vous, hélas, puis-je moins faire ?

NÉOPTOLÉMUS

Non, mais pour arracher ce discours odieux

Je n'écoute plus rien qu'en présence des Dieux.

Là, s'il faut que mes voeux cessent d'être frivoles,

J'en croirai votre main, et non pas vos paroles. [1170]

Allez, Gélon, Allez. Qu'on mette en liberté

Ce Prince injustement par mon ordre arrêté.

Cependant contre un feu que je ne puis éteindre

Quand mon espoir confus n'a que ce lâche à craindre,

Si l'arrêt de sa mort vous semble un sort plus doux, [1175]

Je lui donne le temps d'en résoudre avec vous.

Qu'on les laisse ici seuls. Vous, suivez Androclide.