Scène V
Madame, enfin j'ai su par quelle injuste audace
De mon courroux tantôt vous braviez la menace.
Le sang qu'à ma vengeance ont livré vos mépris,
Pour montrer moins d'orgueil était d'un faible prix.
Voici, voici pour qui votre âme plus sensible [1145]
Pourra craindre à son tour de me voir inflexible,
Vous le perdrez sans doute avec plus de regret.
Je ne demande point d'où l'on sait son secret.
Androclide a tout dit ?
Oui, j'ai parlé, Madame.
Dites que ses malheurs ne touchent point votre âme, [1150]
Que rien à son destin ne vous peut attacher.
En vain puisqu'on le sait je voudrais le cacher.
Mais, Seigneur, si pour lui ma constance timide...
Que dites-vous, Madame ? Ô Ciel !
Et bien, perfide !
Cessez en l'outrageant de me percer le coeur. [1155]
Mes disgrâces déjà n'ont que trop de rigueur,