Que pour lui contre vous l'orgueil s'est confirmé,
Et qu'on vous aimerait s'il n'était point aimé.
Que dites-vous, Seigneur ? Moi...
Je n'ai rien à taire [1085]
Puisque l'on m'accuse...
Ô Dieux ! Est-ce mon père !
Est-ce lui que j'entends...
Non, ingrat, et mon coeur
Ne connaît point de fils en qui m'ôte l'honneur.
Voilà, voilà l'effet de cette aveugle flamme
Dont les charmes secrets ont trop flatté ton âme. [1090]
Combien, lâcher, combien t'ai-je fait pressentir
Ce qu'un crime pareil traîne de repentir ?
Combien ai-je voulu t'apprendre à te connaître,
À respecter l'amour et le choix de ton maître,
Sans que mon triste coeur de ta gloire jaloux [1095]
Ait pu forcer le tien à vaincre son courroux ?
J'ai bien plus fait, Seigneur, Je l'ai laissé prétendre
À l'honneur éclatant de se voir votre Gendre,
Et craint de votre haine un revers moins fatal
À l'orgueil d'un Sujet qu'à l'espoir d'un rival ; [1100]
Mais ni l'appas flatteur d'un sort si plein de gloire,
Ni la menace...
Hélas ! Que n'a-t-il pu te croire ?
Mon bonheur eût bientôt cessé d'être incertain
Si ma fille n'eût eu qu'à lui donner la main.
Mais l'ingrat aime ailleurs, et du coeur où j'aspire... [1105]
Androclide, Seigneur, a pouvoir de tout dire,
Et quoi que son aveu vous force à m'imputer,
C'est mon père qui parle, et je dois l'écouter.
Mais le Ciel m'est témoin que de quoi qu'on m'accuse,
Ma témérité seule aurait besoin d'excuse, [1110]