ANTIGONE|c}}
À regret je me force à vous nuire,
Mais ce que ma vertu pourrait me reprocher [1015]
Ne souffre point qu'au Roi je puisse rien cacher.
Seigneur, Déidamie enfin vous est connue,
Du plus ardent amour son âme est prévenue,
Le vôtre a contre lui cet obstacle à lever,
Je n'ai plus rien à dire, et vous laisse achever. [1020]
Scène III
Qu'on la fasse venir. Ô Ciel, est-il possible
Qu'Hippias à mes voeux l'ait rendue insensible,
Que l'ingrat n'écoutant ni devoir ni respect...
Pour m'ôter tout crédit on m'a rendu suspect ;
Mais encore une fois, Seigneur, j'ose vous dire [1025]
Que si Déidamie a sur lui quelque empire,
Loin que jusqu'à l'amour un espoir odieux
L'enhardisse...
Ah Gélon, enfin j'ouvre les yeux.
Pour dérober son frère au malheur qui l'entraîne
Elle n'a qu'à souffrir que je la fasse Reine, [1030]
Et loin qu'un trône offert pour elle ait quelque appas,
Pyrrhus prêt à périr ne l'intimide pas.
Il faut, il faut qu'elle aime, et j'en vois l'assurance.
Le bonheur d'un rival détruit mon espérance,
J'attaque en vain un coeur pour lui seul adouci. [1035]
Ingrat, que t'ai-je fait pour me traiter ainsi ?
{{Personnage|