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Seigneur, si le respect que je dois à mon père
Me permet de combattre un arrêt trop sévère,
Souffrez que pour Pyrrhus, dans des maux si pressants, [935]
J'appelle à vos bontés des ennuis que je sens ;
Non que votre courroux n'ait une juste cause,
Mais enfin au traité vous devez quelque chose,
Et ce noble triomphe où vous porte ma foi,
Ne serait pas peut-être indigne d'un grand Roi. [940]
Si je livre Pyrrhus aux traits de ma vengeance,
J'ai mes raisons, ma fille, et j'en vois l'importance,
Et mettre en sa faveur ces sentiments au jour
C'est peut-être en vouloir trop tôt croire l'amour.
L'amour n'a rien pour lui que je ne pusse croire [945]
Sans blesser ma vertu, sans hasarder ma gloire.
Sur vos ordres, Seigneur, il a pu m'éblouir.
Et si j'aime Pyrrhus je ne fais qu'obéir ;
Mais ce n'est pas ce soin dont l'intérêt me presse,
De ces impressions je dois être maîtresse, [950]
Et quand mon coeur pour lui cherche à vous émouvoir,
Je ne demande rien qui flatte son espoir.
Je sais trop qu'un monarque incessamment s'applique
À suivre en tout l'exacte et saine Politique,
Et qu'aux lois de l'Accord vous voudriez céder [955]
Si le bien de l'État pouvait vous l'accorder ;