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IV}}

Déidamie, Androclide
DÉIDAMIE

Tu vois que les effets à tes desseins répondent.

Telle en est l'équité que les Dieux te secondent,

Et ne dédaignent pas d'assurer à ton fils [695]

Ce trône dont sur lui Pyrrhus s'était démis.

Si pour toi vers ce fils l'obéissance est dure,

Le triomphe du sang console la Nature,

Et tu dois peu rougir d'en recevoir la loi

Lorsque tu vois son maître à ses pieds comme toi. [700]

Goûte, goûte à loisir ces secrets témoignages

Si propres à charmer les plus nobles courages.

Jouis de tout l'orgueil qu'ils savent inspirer.

ANDROCLIDE

Le Ciel selon vos voeux semble se déclarer,

La menace du Roi me tient l'âme interdite ; [705]

Mais, Madame, peut-être il n'ira pas si vite,

Et la mort de mon fils qui flatte son courroux,

N'est pas une vengeance encore sûre pour vous.

DÉIDAMIE

Dans un Roi qu'on méprise et qui veut qu'on le craigne,

L'Amour n'est pas un feu qu'aisément l'on éteigne ; [710]

Tes efforts, Androclide, y seront superflus.

ANDROCLIDE

Et bien, Madame, et bien, il connaîtra Pyrrhus.

Son secret révélé le livre à sa vengeance,

Et du trône par là si je perds l'espérance,

J'ai l'avantage au moins que d'un si digne sort [715]

Pyrrhus n'aura les droits qu'au moment de sa mort.

DÉIDAMIE

Va, va le découvrir ; pour garantir sa tête,

Dès qu'il sera connu, ma main est toute prête,