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Scène III

Néoptolémus, Déidamie, Androclide, Gélon, Suite
ANDROCLIDE

Seigneur, d'un vif courroux je vous trouve pressé.

Puis-je vous demander quel sujet le fait naître ? [645]

NÉOPTOLÉMUS

Le refus d'une Ingrate, et le mépris d'un traître.

Mais enfin il est temps que je n'en souffre plus ;

Allez, Pélopidas, qu'on arrête Pyrrhus.

ANDROCLIDE

Pyrrhus ?

NÉOPTOLÉMUS

Allez, vous dis-je, et que l'on m'en réponde.

ANDROCLIDE

Seigneur, si l'équité dans un grand Prince abonde, [650]

Vous pardonnerez-vous l'injurieux éclat

Que va faire partout un pareil attentat ?

Violer un traité dont votre foi reçue...

NÉOPTOLÉMUS

Ton zèle pour ma gloire en craint en vain l'issue,

Aux lois de ce traité je suis prêt d'obéir, [655]

Et préviens seulement qui cherche à me trahir.

ANDROCLIDE

Seigneur, qu'a fait Pyrrhus dont la secrète audace

D'un ordre si cruel mérite la disgrâce ?

Quels sont les attentats qu'il ose mettre au jour ?

NÉOPTOLÉMUS

Il est trop criminel s'il nuit à mon amour. [660]

Ces longs et fiers mépris qui m'ont trop su confondre,

Sont autant de forfaits dont il me doit répondre.

En vain Déidamie en dédaigne l'ardeur,

Pour prix de ma Couronne il me devait