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Et bien, mérite-la cette horreur qui sans cesse
Te va donner à craindre une main vengeresse,
Ou pour t'en épargner l'importune frayeur,
Au frère que tu perds ose joindre la soeur. [620]
Après des sentiments si lâches, si barbares,
Je puis me déclarer comme tu te déclares,
Et laisser tout périr plutôt que me forcer
À l'hymen que tes feux s'obstinent à presser.
Sus donc, parjure, immole à ta jalouse rage [625]
Ce qui reste d'un sang à qui tu dois hommage,
Et tâche à mériter par ce sanglant effet
L'abominable honneur d'être un tyran parfait.
Je n'y mets point d'obstacle, et s'il faut te le dire,
Ce frère contre qui ta trahison conspire, [630]
Redoutera bien moins le plus affreux trépas
Que la secrète horreur de me voir dans tes bras.
Prononce là-dessus, tu vois toute mon âme.
Ah, je l'avais bien cru qu'on trahissait ma flamme,
Et que l'ingrat Pyrrhus qu'intéressait ma foi, [635]
Quand je fais tout pour lui, ne faisait rien pour moi.
Il faut vous satisfaire, et puisque enfin sans cesse
Votre haine avec soin repousse ma tendresse,
J'atteste tous les Dieux qu'avant la fin du jour
Son sang achèvera d'éteindre mon amour. [640]
Holà, Gardes, à moi.
Seigneur, qu'allez-vous faire ?
Songez...
Ne me dis rien si tu crains ma colère,
Il mourra, c'en est fait, l'arrêt est prononcé. </div