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Néoptolémus, Déidamie, Gélon
DÉIDAMIE

Seigneur, tout de nouveau Pyrrhus m'a fait savoir [535]

Ce que pour moi sur vous l'amour a de pouvoir,

Que toujours même ardeur pour mon hymen vous presse ;

Mais avant qu'achever celui de la Princesse,

Si cet amour est tel qu'il vient de m'assurer,

Quelle marque de vous pourrai-je en espérer ? [540]

L'obtiendrais-je aisément d'un peu de confiance ?

NÉOPTOLÉMUS

Sur de nouveaux serments prenez-en l'assurance,

Pourvu qu'à votre tour sensible à ce beau feu

Vous lui daigniez enfin accorder votre aveu.

DÉIDAMIE

Des mouvements du coeur le temps seul est le maître [545]

Lorsqu'il s'ouvre à l'Amour c'est lui qui l'y fait naître,

Et ce que précipite un pouvoir trop pressant,

N'est qu'un Monstre sans forme, et qui meurt en naissant,

Je vous l'ai dit, Seigneur.

NÉOPTOLÉMUS

À vous parler sans feinte,

Ce grand pouvoir du temps affaiblit peu ma crainte ; [550]

Non que sur le secours que vous m'en promettez

Mes voeux de quelque espoir ne soient encor flattés ;

Mais s'il se peut qu'enfin ma main vous doive plaire

Jusque-là pour Pyrrhus il est bon qu'on diffère,