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Avouez-le, Seigneur,
Qu'en le rétablissant vous forcer votre coeur ;
Qu'à le voir fils d'un Roi dont vous tenez la place, [505]
Vous croyez que par lui le destin vous menace,
Et que malgré l'amour qui peut vous rendre heureux,
Sa mort plus que l'hymen est l'objet de vos voeux.
Si ma flamme à la soeur eût cherché moins à plaire,
Rien n'eût pu me réduire à rétablir le frère, [510]
Je ne m'en défends point ; mais ne crains rien de moi,
Si tu la vois sensible aux offres de ma foi.
Ce n'est pas qu'en effet la saine Politique
Sur ce que j'entreprends contre moi ne s'explique ;
D'un Roi chassé du trône, y remettre le fils, [515]
C'est moi-même à me perdre aider mes Ennemis.
Outre que dans Pyrrhus je ne sais quoi me gêne,
Il semble qu'à l'Accord il consente avec peine,
Qu'il dédaigne ma fille, et que le nom de Roi
Soit un affront pour lui s'il l'accepte de moi. [520]
De ces impressions qui troublent trop votre âme
Androclide sur moi va rejeter le blâme.
Le haut rang où par vous je me vois affermi
Le fait me regarder comme son Ennemi,
Et quoi qu'un zèle égal à tous deux ait fait croire [525]
Que Pyrrhus rétabli comblerait votre gloire,
Comme Pyrrhus vers lui penche plus que vers moi,
Cette ombre de faveur m'aura saisi d'effroi.
Il voudra que jaloux de cette préférence
J'aie osé pour lui nuire armer votre vengeance, [530]
Qu'immolant à ma haine un Prince infortuné,
Mes conseils...
Ne crains point d'en être soupçonné.
Voici Déidamie, et c'est de sa réponse
Que dépendra l'arrêt qu'il faut que je prononce.
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