Et c'est trahir ses droits que de lui disputer
Ce qu'au prix de son sang on lui fit acheter. [400]
Pyrrhus avec son nom lui céda l'avantage
Qu'un monarque en naissant eût toujours pour partage,
De ce grand caractère il a remplit l'effort,
Et ce n'est pas à moi d'en démentir le Sort.
C'est donc ce qu'à Pyrrhus...
Pouvez-vous vous en plaindre ? [405]
Sous le nom de mon fils Pyrrhus n'eut rien à craindre,
Et sans lui faire tort, je puis m'intéresser
À ce trône où pour vivre on le fit renoncer.
La Couronne à tes yeux peut-elle être si belle,
Que du plus noir forfait...
Rien n'est honteux pour elle, [410]
La noble ambition veut le dernier effort.
Ta vertu qu'elle souille en est-elle d'accord ?
Si j'ai moins de vertu, comme vous voulez croire,
Mon fils assis au trône en aura plus de gloire,
Et c'est pour me charmer, que le voir revêtu [415]
De tout ce qu'à sa gloire immole ma vertu...
Mais si l'ambition touche si fort ton âme,
Qui saura que ton fils...
Je le saurai, Madame,
Et jouirai sans cesse, à le voir dans ce rang,
Des secrètes douceurs du triomphe du sang. [420]
Si pour moi vers un fils l'obéissance est dure,
Pyrrhus du même sort partagera l'injure,
Et le nom de Sujet me fera moins d'effroi,
Quand je verrai son maître à ses pieds comme moi.