VI}}
Le destin de Pyrrhus peut enfin éclater.
Votre fils l'apprendra sans trop s'en emporter ;
Je viens sur ce revers d'essayer son courage.
Sa modération m'est d'un heureux présage ;
Mais, Madame, voyez tous nos soins superflus [355]
Si vous voulez si tôt qu'on connaisse Pyrrhus.
De Glaucias encor l'Armée est toute prête,
Et Néoptolémus qui craint cette tempête,
Achevant son hymen va remplir le traité,
Mais qui nous répondra de sa sincérité ? [360]
Comme il l'a poursuivi cent fois à force ouverte,
Dès qu'il ne craindra plus il peut vouloir sa perte,
Et dans tant de sujets de tout appréhender,
C'est mon fils seul encor qu'il nous faut hasarder.
Quoi, vous lui laisserez épouser la Princesse ? [365]
Cet hymen politique autant que vous me blesse ;
Et je vois à regret que le destin jaloux
Lui dérobe l'honneur de se voir votre Époux.
Ce fut l'ordre en mourant que laissa votre Mère,
Mais mon Prince est le seul que ma foi considère, [370]
Et pour la sûreté des jours qu'on m'a commis,
Je dois peu regarder le bonheur de mon fils.
Et quand prétendez-vous éclaircir sa naissance ?
Quand de l'esprit du Roi nous aurons assurance,