Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/285

Cette page n’a pas encore été corrigée

VI}}

Déidamie, Androclide
DÉIDAMIE

Le destin de Pyrrhus peut enfin éclater.

Votre fils l'apprendra sans trop s'en emporter ;

Je viens sur ce revers d'essayer son courage.

ANDROCLIDE

Sa modération m'est d'un heureux présage ;

Mais, Madame, voyez tous nos soins superflus [355]

Si vous voulez si tôt qu'on connaisse Pyrrhus.

De Glaucias encor l'Armée est toute prête,

Et Néoptolémus qui craint cette tempête,

Achevant son hymen va remplir le traité,

Mais qui nous répondra de sa sincérité ? [360]

Comme il l'a poursuivi cent fois à force ouverte,

Dès qu'il ne craindra plus il peut vouloir sa perte,

Et dans tant de sujets de tout appréhender,

C'est mon fils seul encor qu'il nous faut hasarder.

DÉIDAMIE

Quoi, vous lui laisserez épouser la Princesse ? [365]

ANDROCLIDE

Cet hymen politique autant que vous me blesse ;

Et je vois à regret que le destin jaloux

Lui dérobe l'honneur de se voir votre Époux.

Ce fut l'ordre en mourant que laissa votre Mère,

Mais mon Prince est le seul que ma foi considère, [370]

Et pour la sûreté des jours qu'on m'a commis,

Je dois peu regarder le bonheur de mon fils.

DÉIDAMIE

Et quand prétendez-vous éclaircir sa naissance ?

ANDROCLIDE

Quand de l'esprit du Roi nous aurons assurance,