Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/282

Cette page n’a pas encore été corrigée


Mais, Seigneur, mon devoir me fait assez connaître,

Si j'aime un frère en vous, que j'y dois craindre un maître,

Et s'il faut pour vous plaire immoler tout mon coeur, [275]

Sur vos ordres soudain...

HIPPIAS

Que dites-vous, ma soeur ?

Moi, des ordres pour vous ! Si vous voulez me plaire,

Ne craignez point de maître où vous aimez un frère.

Loin d'accepter des droits qui pussent vous trahir,

Ma principale gloire est de vous obéir. [280]

Demandez-en, ma soeur, quelque marque sensible ;

Dès que vous parlerez tout me sera possible,

Proposez, souhaitez, je ne réserve rien.

DÉIDAMIE

L'heur de votre destin fait la douceur du mien,

Et si ce zèle ardent...

HIPPIAS

Que n'ose-t-il paraître [285]

Tel que pour vous en moi l'amitié le fait naître !

DÉIDAMIE

Ah, ne me cachez point ce qui doit me charmer.

HIPPIAS

Je crains...

DÉIDAMIE

Que craignez-vous ?

HIPPIAS

De vous parler d'aimer,

Et qu'en vous expliquant ce que mon coeur m'inspire

Je ne dise pas bien ce que je devrais dire. [290]

DÉIDAMIE

M'aimeriez-vous si peu qu'il vous fût malaisé...

HIPPIAS

Ah, ce n'est pas de quoi je crains d'être accusé.

Depuis que d'Androclide, et de Gélon suivie

Vous vîntes commencer le bonheur de ma vie,