Mais, Seigneur, mon devoir me fait assez connaître,
Si j'aime un frère en vous, que j'y dois craindre un maître,
Et s'il faut pour vous plaire immoler tout mon coeur, [275]
Sur vos ordres soudain...
Que dites-vous, ma soeur ?
Moi, des ordres pour vous ! Si vous voulez me plaire,
Ne craignez point de maître où vous aimez un frère.
Loin d'accepter des droits qui pussent vous trahir,
Ma principale gloire est de vous obéir. [280]
Demandez-en, ma soeur, quelque marque sensible ;
Dès que vous parlerez tout me sera possible,
Proposez, souhaitez, je ne réserve rien.
L'heur de votre destin fait la douceur du mien,
Et si ce zèle ardent...
Que n'ose-t-il paraître [285]
Tel que pour vous en moi l'amitié le fait naître !
Ah, ne me cachez point ce qui doit me charmer.
Je crains...
Que craignez-vous ?
De vous parler d'aimer,
Et qu'en vous expliquant ce que mon coeur m'inspire
Je ne dise pas bien ce que je devrais dire. [290]
M'aimeriez-vous si peu qu'il vous fût malaisé...
Ah, ce n'est pas de quoi je crains d'être accusé.
Depuis que d'Androclide, et de Gélon suivie
Vous vîntes commencer le bonheur de ma vie,