Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/281

Cette page n’a pas encore été corrigée

V}}

Déidamie, Hippias se croyant Pyrrhus.
HIPPIAS

Ma soeur, c'est tout de bon qu'enfin le Roi s'explique.

Nommez ce qui l'engage amour, ou politique, [250]

Qu'il cherche à s'affermir, ou vous aime en effet,

Dans votre seul hymen il trouve un bien parfait ;

Je vous l'ai déjà dit, et pour toucher votre âme

Il me fait de nouveau vous parler de sa flamme.

Il est temps de répondre et de vous déclarer. [255]

DÉIDAMIE

Le Roi n'ignore pas ce qu'il doit espérer.

La mort d'AEacides, sa couronne usurpée

M'ont pendant votre exil si mal préoccupée,

Que quoi qu'à vous la rendre il se force aujourd'hui,

Le temps seul peut m'aider à me vaincre pour lui. [260]

C'est tout ce que de moi sa flamme a lieu d'attendre,

Hors ce secours du temps il n'a rien à prétendre,

Il l'a su de moi-même, et doit s'en contenter.

HIPPIAS

L'espoir est en amour toujours prompt à flatter.

Malgré tous vos refus, le Roi s'obstine à croire [265]

Qu'un trône à partager vous offre quelque gloire

Et que sur cet appas son bonheur est certain,

Si je veux vous porter à lui donner la main.

Il fait plus ; en faveur de l'amour qui l'inspire,

Je puis sur vous, dit-il, user de quelque empire, [270]

Il m'en prie, il m'en presse, et de ses voeux confus...

DÉIDAMIE

Sur mes seuls sentiments j'ai réglé mes refus ;