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Mais comme à l’attentat le Trône seul m’anime,
Lorsque j’en perds l’espoir, je perds l’ardeur du crime,
Et dans l’avide soif de reprendre ton rang,
Ne pouvant te l’ôter, je dédaigne ton sang.
Prononce, Martian n’a plus rien à te dire.

maximian.

Qu’au Trône par ma mort Maximian aspire !
Lui qui dans mes États plus Souverain que moi,
Puisqu’il vouloit régner, pouvoit donner la loi !

fauste.

Seigneur, n’écoutez pas toute votre colère,
Et s’il est criminel, songez qu’il est mon père.
Non que d’un attentat qu’on ne peut trop punir,
Je veuille vous ôter le fatal souvenir,
Mais qu’il vive, et s’il faut qu’enfin le sang efface…

constantin.

Moi vivre ! Moi de lui daigner recevoir grâce !
Régnez, régnez, Madame, et cesser de penser
Qu’au rang de vos Sujets je puisse m’abaisser ;
Et pour vous et pour moi je sais ce qu’il faut faire.
Toi, Constantin, jouis de la mort de Sévère.
C’est à moi que tu dois le bonheur sans égal
De n’avoir plus enfin à craindre de rival.
Son sang à ma vengeance a servi de victime,
Et loin de démentir la fierté de mon crime,
Je veux te faire voir, qu’indigne d’obéir,
Je sais braver les Dieux qui m’ont osé trahir.
Pour rentrer dans ce Trône où tu remplis ma place,
J’eusse aux plus noirs forfaits élevé mon audace,
Et comme l’ardeur de te le dérober
J’avois songé d’abord à t’en faire tomber,
Voilà pour me punir d’avoir manqué ta chute,
Et comme je prononce, et comme j’exécute.

Il tire un poignard dont il se tue.

Qu’on m’emporte.

fauste, suivant Maximian.

Ah, Seigneur.