Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/266

Cette page n’a pas encore été corrigée

Votre intérêt ailleurs se trouve conservé,
Martian n’a rien dit, Martian est sauvé.

maximian.

Enfin je suis coupable, et l’éclat de ma gloire
Est trop peu pour régler ce que vous devez croire ?
Mais si j’avois encor Martian pour témoin…

constantin.

Et bien, s’il vous le faut, Martian n’est pas loin.
Voulez-vous qu’on l’amène, et que Valère ensuite
Vienne vous expliquer ce qu’il sait de sa fuite ?
Voulez-vous savoir d’eux d’où j’ai pu deviner
Que jusque dans mon lit on doit m’assassiner,
Et que dès cette nuit pour cet excès de rage
Par votre appartement on trouve au mien passage ?
Qu’on les fasse venir. Pour peu qu’ils soient pressés…

maximian.

Arrête, Constantin, tu m’en as dit assez.
Je vois que tu sais tout, et qu’instruit par Valère
De mes déguisements tu perces le mystère.
Martian dont la fuite assuroit mes desseins,
Quand je le crois sauvé, se trouve entre tes mains,
Il t’a tout découvert, et dans la défiance
Où de mes vœux trahis te met la connoissance,
Me voyant hors d’espoir d’en obtenir l’effet,
Je n’ai plus d’intérêt à cacher mon forfait.
Quand en n’avouant rien je pourrois te réduire
À douter si c’est moi qui cherche à te détruire,
Observé dans ta Cour, haï de toutes parts,
J’aurois beau vers le Trône élever mes regards.
On ne me laisseroit aucun lieu d’entreprendre,
Et puis que je connois qu’il n’y faut plus prétendre,
J’aime mieux, te pressant de ne pas m’épargner,
Mourir dans cet orgueil, que vivre sans régner.
Peut-être à déguiser ce qu’on t’a fait connoître,
De tes jours malgré toi j’aurois pu me voir maître
Et soulager du moins la peine où je me vois
Par la fausse douceur de te perdre avec moi ;