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constantin, à Licine.

Bien loin de te flatter d’un si foible avantage,
Tremble, Sévère est mort, on l’impute à ta rage.
Purge-toi, si tu peux, de l’avoir fait périr.

licine.

Sévère ne vit plus ! Et bien, il faut mourir.
J’aurois beau repousser un crime détestable,
Puisque Sévère est mort, on veut me voir coupable,
Et quoi que l’imposture invente contre moi,
Le traître Martian sera digne de foi.

constantin.

Feins de le craindre encor, quand par tes artifices
Sa fuite l’a soustroit aux plus affreux supplices.
Tu l’as fait évader, et reviens sans effroi,
N’ayant plus de témoin qui parle contre toi.
Nie encor, et par là prouve ton innocence.

licine.

Moi, qu’avec Martian je sois d’intelligence ?
Ai-je quelque intérêt à le faire évader
Quand de l’Auteur du crime il peut seul décider ?
Si m’étant confronté je ne le fais dédire,
Je demeure coupable, et c’est moi qui conspire.
Qu’attends-je de sa fuite, et quel est mon espoir ?

maximian.

Par ces fausses clartés tâche à nous décevoir.
Pour te justifier c’est peu que l’apparence.

constantin.

Elle fait encor plus pour lui que l’on ne pense,
Et pour tout dire enfin, il me seroit bien doux
Qu’avec autant de force elle parlât pour vous.
Sévère a soutenu que pour vous on conspire,
Et sa mort l’a puni de ce qu’il a su dire ;