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D’un sentiment jaloux votre cœur combattu
A fait outrage en elle à la même vertu,
Et comme les soupçons que l’on a vu paroître
Sont tombés par moi seul dans l’esprit de mon Maître,
Je verrai sans regret tout mon sang répandu
Si par là le repos lui peut être rendu.
Vivez, régnez, aimez, Seigneur ; et vous, Madame,
Songez que tout mon crime est l’excès de ma flamme,
Et que malgré le sort à ma perte animé,
Je serois innocent si j’avois moins aimé.
C’en est fait, et déjà…

constantin.

Prenez en soin, Maxime.


Scène VI

.
Constantin, Maximian, Fauste, Constance, Suite.

maximian.

J’ai voulu jusqu’au bout lui voir pousser son crime,
Il meurt en m’accusant ; laissez couler vos pleurs,
Vous les devez, Madame, à ses tristes malheurs.
Un amant qui pour vous a fait amas de crimes
Doit rendre par sa mort vos larmes légitimes,
Et leur seule tendresse a droit de mériter
Ceux que sur moi sa rage a voulu rejeter.

fauste, à Maximian.

Vous le savez, Seigneur ; quoi que m’impute un père,
Le respect, le devoir m’ont appris à me taire,
Heureuse dans un mal qui veut un prompt secours,
S’il peut m’être permis de me taire toujours.

constantin, à Maximian.

Dans ce que d’un Mourant le Ciel nous fait entendre,
C’est trop que d’accuser, songez à vous défendre.
Sévère est mort, à qui le doit-on imputer ?