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Non que du criminel je puisse encor douter,
Les motifs du secret ont su trop éclater ;
Le Traître m’est connu, mais ce qui fait ma peine,
L’amour peut sur mon cœur encor plus que la haine,
Et dans ce que de moi Fauste a droit d’obtenir,
C’est mal savoir aimer que songer à punir.

maximian.

Quoi, Seigneur, à l’État, à vous-même perfide,
Vous pourriez épargnez un lâche Parricide,
Et cet amour que Fauste a si peu mérité,
Contre vos intérêts est encor écouté ?
Quand pour vous affranchir de tout ce qu’on hasarde,
Je vous ai conseillé de changer votre Garde,
Vous voyez, au forfait qu’on lui peut reprocher,
Par quelle politique elle a su l’empêcher.
Cette Garde à Licine aveuglément soumise
La flattoit du succès de sa noire entreprise,
Et je vous vois toujours dans le même danger
Si vous vous obstinez à ne la point changer.
Non qu’à ces sûretés mon zèle vous convie
Par l’effroi du péril qui menace ma vie,
Bien loin de le souffrir un si bas sentiment,
Je passerai la nuit dans votre appartement,
Et si le Trône enfin n’offre rien que respecte
L’insolente fureur d’une Garde suspecte,
Du moins mon sang versé, s’il ne peut l’émouvoir,
Justifiera l’avis que j’ai cru vous devoir.

fauste.

De tout ce que j’entends interdite et confuse,
Je n’ose murmurer quand mon père m’accuse,
Mais après mon silence il m’est bien dur de voir
Que sur lui la Nature ait si peu de pouvoir.

maximian.

Moi, je l’écouterois quand je vois Licine
Avec vous de l’État a juré la ruine ?
Voyez ce que pour lui les Mutins ont osé.

constance.

Il doit être suspect puisqu’il est accusé ;